INVASIONS
Exposition à l'Espace Kugler, Genève
28.05 – 12.06/ 2011

Invasions n’est pas un thème en soit – comme par exemple « les animaux de la jungle, les quiches ou les lampes de chevets » –, mais plutôt une métaphore, une idée abstraite, un point de départ. Ou, plus exactement, un point de vue, comme celui porté sur un paysage, lointain ou proche, et qui défilerait à travers la lentille d’une longue vue pour se recomposer à chaque nouveau cadrage.
Les petits formats carrés sont à la fois un clin d’œil à la case de bande dessinée, mais aussi un pied de nez à celle-ci, puisqu’ils m’ont permis de dessiner librement – mais avec minutie –, dans une case qui ne dépend ni de la précédente, ni de la suivante. Ces dessins furent l’occasion rêvée d’expérimenter la joie simple de réaliser une image sans devoir nécessairement servir la logique narrative d’un récit.
Dans une bande dessinée, le lecteur doit « glisser » d’une case à l’autre sans s’y attarder et c’est le mouvement et l’expression qui priment avant tout. Mais dans un dessin isolé, on peut s’attacher à décrire une ambiance, quelques détails, le gris du ciel, l’orientation d’une branche, la courbe d’un édifice. Ce dessin est un « monde à lui tout seul », il se suffit à lui-même et c’est une expérience assez réjouissante, surtout après avoir écrit une bande dessinée de 200 pages .
Ce travail m’a également permis d’expérimenter la relation entre un dessin construit et rectiligne (l’outil de prédilection étant pour moi la plume), avec un dessin plus léger au pinceau, dérisoire et tremblotant, comme les deux « gugusses envahisseurs » perchés sur leur Zeppelin d’un autre temps.
N.R., 2011